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Pégé...Actualités en santé, mentale et autres !
15 février 2009

LA VIE DOULOUREUSE D'OEIL-DE-FAUCON !

   Les bras de Patrick Grado, 30 ans, sont un étrange paysage lunaire. Des crevasses de chair blanchie, des entrelaces de cicatrices. Des îlots de plaies rouges, ouvertes. Les yeux qui regardent ces bras font un voyage sur la route de la douleur. Une douleur muette, puisque Patrick ne parle pas, il mord...

Et ce sont ces bras qui crient pour lui. Patrick est le patient le plus difficile de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine, de Montréal. Au pavillon Riel, on lui a aménagé une unité rien que pour lui. Il a une salle de télé, une étagère, quelques jeux. Une chambre minimale. Un corridor.

  Il ne peut pas vivre dans une unité régulière puisqu'il est un patient non seulement très difficile, mais aussi dangereux. Il souffre d'autisme, une maladie déjà grave, qui se double d'une maladie psychiatrique: le trouble obsessionnel compulsif (TOC) .

Comme il n'a pas de mots, sa seule façon de réagir aux frustations, qui sont nombreuses, c'est de mordre ! Alors il se mord lui-même, généralement les bras. Ou alors, il mord les autres. Il y a un an, ici même, sa mère a voulu lui couper les cheveux. Il n'était pas d'accord. Patrick lui a agripé la main. Il l'a mordue.

  Deux préposés le suivent en permanence le jour, et un autre la nuit. Pour ceux qui travaillent avec lui, une vigilance constante est de mise. '' Le volcan couve toujours '' résume Dany, l'un des préposés mais au fil des mois, ils ont développé une forme de langage avec Patrick. Deux petits doigts qui courent sur son bras, çà veut dire:'' Veux-tu marcher '' ou un doigt glisse à la verticale sur la gorge, qui signifie: ''Un peu de Coca-cola''.

Aujourd'hui, sa maman est venue le voir. Dès qu'il l'a vue, il a attrapé sa main et l'a serrée contre lui comme si c'était un trésor découvert  dans une baie des Caraïbes. Il lui a replacé une petite mèche de cheveux, d'un geste presque amoureux. Après quelques minutes, il a fini par sourire. Un cadeau rare...

   '' Quand il était petit, on l'appelait Oeil-de-Faucon '' se rappelle en souriant Nicole Martinez, sa maman.

Oeil-de-Faucon. Çà lui va à merveille. Patrick voit tout, la moindre mousse sur un chandail, le plus petit fil qui dépasse. Et il est très rapide. En un instant, il peut virer au sombre. Quand il devient fixe comme c'est le cas maintenant, il faut s'inquiéter!

  Dès son jeune âge, il devient évident que Patrick a quelque chose qui cloche. Il marche très tard, il ne parle pas. Alors commence pour Nicole une série de consultations dans de nombreux établissements hospitaliers.

Un premier diagnostique, '' autisme ''. A 5 ans, Patrick pleure du matin au soir. Pendant son enfance, il fait des crises plusieurs fois par jour. Il casse tout. Lance des objets. Tire des cheveux. Ça dure une minute ou deux. '' Ç'était très stressant de vivre avec lui '' raconte sa mère.

  Au cours des années suivantes, Patrick va de ressource en ressource jusqu'à ce qu'il revienne à Louis-H, où on a pris les grands moyens pour s'occuper de lui.

La visite s'est bien passée. Ils ont fait une promenade dans le parc. Patrick n'a pas lâché la main de sa mère une seconde. Et quand elle lui a lâché la main pour retourner à sa voiture, Patrick l'a regardée comme un petit garçon laissé dans la cour le premier jour d'école !

  Oeil-de-Faucon était triste...

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