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Pégé...Actualités en santé, mentale et autres !
21 février 2009

SIMON, OÙ ES-TU ?

   Martin Farah scrute toujours avec attention les visages des itinérants qu'il croise dans la rue. Il dévisage les ''squeegees'' qui viennent laver les vitres de son automobile. '' On ne sait jamais... et si, par miracle, c'était Simon ! ''. Martin Farah ne l'a pas revu depuis 8 ans.

Il ne sait plus trop s'il doit parler de lui au présent... Ou au passé !

   C'était quelques jours avant le passage de l'an 2,000. Simon Farah, schizophrène , suivi par l'hôpital Douglas, vivote en appartement. Il a de vagues projets de voyage pour célébrer cette entrée dans un nouveau millénaire. Un après-midi, tout juste après Noël. il débarque en panique chez son père. Il a un urgent besoin d'argent, vite. Sa demi-soeur est seule à la maison. Elle lui donne les sous qu'elle a reçus en cadeau. Simon part !

Et ne revient jamais...

   Depuis 8 ans, son père attend. Il attend qu'on réponde à ses questions. '' Où est mon fils ? Est-il en train de souffrir et de m'appeler à l'aide et je ne suis pas là ? ''. Depuis huit ans, cet homme vit un malheur qui ne finit pas, un supplice permanent. La maladie mentale lui a volé  son enfant.

Les policiers ont fait des recherches, examiné son compte en banque, vérifié à la morgue, ont fait le tour des refuges pour itinérants,ont regardé son dossier d'assurance-maladie... rien ! Ils ont dit au père que Simon s'était probablement jeté dans le fleuve, tout près. Qu'on allait retrouver son corps au printemps.

  Au printemps, rien...

C'était un beau garçon, intelligent, gentil, poli. Très renfermé, à cause de sa maladie. Difficile de le faire parler. Simon était le prototype du client jeune, issu d'une bonne famille, qui n'accepte pas sa maladie. Et qui, conséquemment, refuse de prendre régulièrement ses médicaments.

   Toute son enfance, Simon a baigné dans un milieu familial aisé où son avenir semblait lui dire : '' Plus tard, tu pourras être ce que tu veux. Tu réussiras et tu seras heureux''.

Mais ce scénario connaît de nombreux ratés. Mauvais résultats scolaires, change souvent d'école, n'écoute pas en classe. Consomme un peu de drogue, a des comportements bizarres : absent par moments, regard parfois perdu.

  Il est hospitalisé pour la première fois à 17 ans. Diagnostic : hypothèse de schizoprénie.

Simon n'accepte pas sa maladie. Rechute et nouvelle hospitalisation. Il disait à son père : '' Mais qu'est-ce que je vais faire ? Je n'ai pas de raison de vivre''.

  De ses fréquents états de psychoses, il racontait ce qu'il voyait :''Parfois, c'est une meute de chiens enragés qui sort du mur et qui saute sur toi''.

Il blame son père de l'avoir fait hospitaliser. Il le frappe même, une fois. Il finit donc par quitter le domicile familial, participe à des séances de thérapies par le théatre, une formule qu'il aime beaucoup.

  Il va finalement vivre dans un petit studio, près du fleuve. Il téléphone régulièrement à son père et va voir Evangeline Smith, une intervenante qui suivait Simon à l'époque.

Au cours de l'été qui précède sa disparition, cependant, des signes inquiétants apparaissent. En plein après-midi ensoleillé, un jour, tous les rideaux sont fermés chez Simon. Il arrive à un rendez-vous au milieu d'août avec un gros manteau sur le dos !

  Où est Simon aujourd'hui ? A-t-il largué les amarres pour la Californie ? A-t-il été tué à cause d'une dette de drogue ? Vit-il incognito dans la rue, à Montréal ?

Martin Farah ne sait toujours pas si Simon est mort ou vivant...

   Où es-tu Simon ?

 

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