LA PSYCHIATRIE DES AUTRES ! (1 DE 2)

  Michèle Mélançon, intervenante dans un organisme jeunesse, raconte l'histoire de Simone. La jeune d'origine haïtienne, troublée depuis l'enfance, est la fille d'un sorcier vaudou. ''Elle parle de suicide de la manière non traditionnelle. Elle veut donner naissance à un enfant pour enfin partir, devenir invisible''. Mme Mélançon marque une pause et balaie du regard la poignée de gens assis autour de la grande table. Elle semble trouver son récit parfaitement surréaliste.

   Elle parle devant une impressionnante mosaïque culturelle: Une psychiatre d'origine marocaine, un psychologue québécoise, une travailleuse sociale d'origine  pakistanaise, une autre d'origine congolaise, une criminologue d'origine rwandaise et une stagiaire belge. '' Quand elle me parle de vaudou, c'est difficile pour moi d'intervenir. Est-elle en dépression ? C'est difficile à dire. C'est pour ça que je suis ici '', souligne l'intervenante.

  Nous sommes en pleine séance de consultation psychiatrique à la Clinique transculturelle de l'Hôpital Jean-Talon. Une forme de thérapie aux antipodes des méthodes usuelles de consultation. Le tête-à-tête entre le patient et le psychiatre devient ici une table ronde décontractée, où chaque personne présente joue un rôle actif ! Tous sont invités à partager leurs point de vue et puisent dans leur propre culture pour répondre aux questions posées aux patients d'origine étrangère.

  Cette clinique est située au coeur d'un des quartiers les plus cosmopolites de la ville de Montréal, et elle s'occupe de cas qui vont au-delà de notre conception occidentale de la maladie mentale. Certains patients ont vécus les horreurs de la guerre, pour d'autres, les transfusions sanguines sont la quintessence de l'impureté.

  Une approche qui se doit d'être complètement différente et les clients de cette clinique y sont dirigés lorsque la médecine et les méthodes conventionnelles ont échoué...

Fricot