MALADIE MENTALE : Je ne fais pas une vraie dépression et je suis un fraudeur !
Du site La Presse+ : Depuis le mois d’août, je mène un combat qui attend dans le détour tous les petits dépressifs ordinaires : celui où, au fin fond d’une vallée obscure creusée en nous-mêmes, il nous faut affronter la mère de toutes les dépressions.
¨ C’est un orage qui se préparait depuis longtemps et il faut remonter parfois très loin pour en comprendre la formation, mais quelques semaines après la rentrée, cet automne les jambes m’ont lâché. Et j’ai visité l’enfer.
Ceux et celles qui sont passés par là connaissent la routine. J’ai oublié comment dormir et pratiquement arrêté de manger, j’ai perdu presque 50 livres en six semaines, j’ai été submergé plusieurs fois par jour par des crises de panique débilitantes et dévoré en permanence par l’anxiété. J’ai appris à me composer un visage le temps d’aller porter les enfants à l’école et à réserver mes sanglots, jusqu’au retour, pour le plancher du vestibule.
Depuis la chute, je boite et je retombe souvent. Je vis avec l’impression d’avoir le cerveau foulé. Mon docteur m’a mis en arrêt de travail et sur les antidépresseurs et, de là, j’ai pu commencer à lentement me relever. Depuis la chute, cependant, je boite et je retombe souvent. Je suis incapable de me concentrer très longtemps pour lire ou regarder un film au complet, j’ai beaucoup de mal à prendre des décisions et je suis souvent désorienté : je me perds en ville même en suivant Google Maps. Si j’arrive parfois à écrire, c’est toujours au compte-gouttes. Le moral va et vient. Les crises de panique s’espacent mais elles réapparaissent toujours, souvent plus terrifiantes du fait de s’être fait oublier pour un petit boutte.
Stigmates !
La seule chose qui me calme, à part de courir dehors comme un perdu et de plier des brassées de lavage en m’explosant les tympans avec les War on Drugs, ce sont les gens. J’ai découvert, au fil de ma maladie, l’immense humanité des gens qui m’entourent. Des connaissances sont devenues de grands amis, des gens dont je ne connaissais que le professionnalisme m’ont révélé leur visage compassionné et j’ai appris que les enfants pouvaient nous donner autant d’affection qu’ils en prennent.
J’ai découvert aussi, malheureusement, comment les stigmates reliés à la maladie mentale persistaient, en dépit des campagnes de sensibilisation, au sein des institutions et chez certains individus.
Les gestes qui me sont reprochés, d’une incroyable stupidité, participent de ce que ma psy a appelé un « besoin quasi pathologique de validation ». Pour ouvrir une parenthèse d’auto-analyse et la refermer aussitôt, disons que j’ai beaucoup de mal, dans la vie, à m’aimer moi-même, tout seul, et que sans des gens pour me dire que je suis beau pis fin, je dépéris. On ne peut s’attendre à ce que quelqu’un comme moi guérisse de quoi que ce soit en restant tout seul chez lui en bobettes avec les doigts enfoncés dans les narines, comme on ne peut s’attendre à ce que quelqu’un dont la maladie consiste à un débalancement chimique du cerveau prenne constamment des décisions éclairées¨... ( Voir l`article au complet )
Pégé